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 Interview BB du livre "Vie privée"

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Gia
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MessageSujet: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeLun 5 Jan - 23:59

Comment allez-vous aujourd'hui ?
Ca dépend des moments. Ca va, mais c'est variable. Il y a des hauts et il y a des bas.

Il y a, cette année, très exactement un demi-siècle que vous avez tourné Et Dieu créa la femme et vous avez, maintenant, soixante et onze ans... Ce qui ne nous rajeunit pas.
Moi la première, cela ne me rajeunit pas. Et cela ne me réjouit pas particulièrement non plus. Y'a t'il, d'ailleurs, de quoi se réjouir ? En septembre 2004, pour mes soixante dix ans, mon anniversaire a fait tout un barouf. C'est complètement fou. Cela prend, tous les dix ans, des allures d'affaire d'Etat. C'est le même harcèlement. Un anniversaire est, pourtant, un jour comme un autre. Et le monde ne s'est pas arrêté de tourner parce que j'ai eu mes soixante dix ans, le 28 septembre 2004, et soixante et onze ans, le 28 septembre 2005.

Que faites-vous, généralement, le soir de votre anniversaire ?
Je le fête avec des amis proches et des collaborateurs de la fondation qui viennent de Paris pour la circonstance. Nous dînons tous ensemble à Saint-Tropez.

Est-ce vous qui faites la cuisine, qui régalez toute la tablée ?
Avant oui, je faisais la cuisine pour mes amis. Mais maintenant, j'invite tout le monde sur une plage, chez mon ami Roger, à l'Esquinade. L'année dernière, Chico, que je connais depuis plus de trente ans, depuis le temps où il jouait de la guitare et chantait dans les rues et sur les terrasses de Saint-Tropez, est venu avec ses amis, les Gypsies, et ils m'ont organisé un concert. J'aime écouter leur musique et j'adore danser le flamenco.

Tout le monde a fait la fête avec vous, comme à la grande époque...
Bien sûr, tout le monde a été gentil avec moi. Tout le monde a pensé à moi. Cette soirée a été magique ! Grâce à Bernard !

Cela ne vous fait donc pas plaisir de voir que les gens s'intéressent à vous ?
Bien sûr, cela me fait plaisir et cela me touche mais les gens oublient ou ne savent pas que, en fait, je suis une sauvage. Je suis une paysanne. Et toutes les formes de pression qui s'exercent sur moi me font paniquer. Je n'aime qu'une chose : la tranquillité. C'est un luxe aujourd'hui !

Mais peut-on, doit-on, laisser un mythe tranquille ?
Bien sûr. Arrêtez vos conneries. C'est vous qui me voyez comme ça. Pas moi. Je ne me considère pas du tout comme un mythe. Mais alors, pas du tout !

Admettons, mais comment peut-on, une seule seconde, en vous voyant vivre aujourd'hui, en marge de Saint-Tropez, oublier la vie insensée de la star internationale que vous avez été ?
Star, c'est un mot qui ne fait plus partie de mon vocabulaire depuis belle lurette. Star, je ne veux surtout plus l'être. Et ce, depuis longtemps. Beaucoup de gens savent que je n'en ai plus rien à faire et que je ne vais plus nulle part. C'est complètement terminé.

Pourquoi, chez vous, avec vous, tout se trouve toujours radicalement exacerbé ?
Chez moi, c'est vrai, tout est toujours exacerbé. Que ce soit pour le meilleur comme pour le pire. Je le dois, je crois, au cinéma. A la vie déséquilibrée qu'il m'a fait mener. J'ai traversé l'envers du décor. Je devrais d'ailleurs dire, l'enfer du décor. C'était une vie dure à vivre, difficile à supporter que je n'aimais pas.

Vu de l'extérieur, cela paraissant pourtant être une vie plaisante. Les images de vos heures de gloire restent comme des moments, suspendus dans le temps, de gaieté et de beauté, des instants d'insouciance et de légèreté. Comme si le tourbillon de la vie avait installé, sur vous et sur l'époque que vous traversiez, une grâce inaltérable.
Ce ne sont que les apparences. Ce n'était que du faux-semblant. Je menais, alors, une vie qui mettait les nerfs constamment à l'épreuve. Beaucoup n'y résistaient pas, la vie, à l'époque, n'était pas faite que de moments de grâce. De toute façon, aujourd'hui, cette époque est totalement révolue. Il me reste quelques beaux souvenirs, mais ce n'est plus mon quotidien.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:00

Pendant deux décennies, vous avez, tout de même, incarné de façon planétaire l'insolence et l'insouciance, la gaieté et le bonheur...
Ne vous inquiétez pas, l'insolence est toujours là. En revanche, en changeant de vie, j'ai malheureusement perdu en route l'insouciance et la gaieté. Ce n'est pas facile.

Alors quel est aujourd'hui votre quotidien ?
Mon quotidien consiste à traverser des horreurs. Je vis en enfer. Aux côtés d'êtres vivants qui souffrent inutilement de par la volonté des hommes qui les pourchassent et qui les persécutent. Dois-je encore dire et redire que ma vie d'avant ne m'intéresse plus du tout ?

Elle continue cependant à fasciner...
Ce n'est pas mon problème et je m'en fiche. Je ne veux qu'être la protectrice des animaux. Je les aime et je les défends. Et je n'ai pas l'intention, sur ce terrain, de baisser les bras.

D'où vous est venu, précisément, cet amour fou et jusqu’au-boutiste des animaux ?
Qu'on ne s'imagine pas que ce fut, à un moment de ma vie, un truc nouveau que j'ai soudain découvert. Depuis toujours, j'ai aimé les animaux. Je me souviens que déjà, sur les tournages, lorsque je faisais des films, je les protégeais, les nourrissais. J'allais même jusqu'à dormir, et cela dès le début de ma carrière, notamment en Espagne, pendant le tournage des Bijoutiers du clair de lune, avec un bébé âne sur mon lit.

Dans Et Dieu créa la femme, votre personnage de Juliette accorde une grande tendresse à ses animaux, oiseau et lapin...
Vadim, qui avait réalisé le film, me connaissait par cœur et m'a montrée telle que j'étais.

Avez-vous aimé les animaux par rejet de la nature humaine ?
C'est plutôt le contraire. Au début, lorsque j'étais jeune et innocente, je ne rejetais pas la nature humaine. J'aimais les gens. Maintenant, globalement, je déteste l'humanité déshumanisée, mais individuellement, les gens me touchent et je continue à les aimer. J'en suis venue à rejeter la nature humaine par amour des animaux, en constatant ce qu'elle était capable, par sadisme ou par profit, de leur infliger.

Et de vous infliger aussi, par mimétisme ?
Oui. Ce sont des souffrances que j'ai choisi d'endosser. La détresse animale est la mienne. Personne ne peut avoir idée du désespoir que ces souffrances engendrent en moi. Personne ne peut imaginer à quel point de douleur extrême j'en suis arrivée. Personne. La dernière "fête" de l'Aïd-el-Kebir, dois-je l'avouer, m'a rendue, littéralement malade, en me faisant pleurer toutes les larmes de mon corps, à l'idée que ces milliers de moutons égorgés et agonisants pendant de longues minutes avant de mourir.

Dans le second tome de vos mémoires, Le Carré de Pluton, en exergue, vous avez tenu à placer un dessin. On y voit une biche atteinte par le coup de feu d'un chasseur et le trait esquisse, à côté, le profil d'une jeune femme aux longs cheveux blonds. On comprend donc que la balle qui atteint l'animal de plein fouet fracasse aussi la vie de cette jeune femme...
Et cette femme, c'est moi. Tout le mal qui est fait aux animaux me fait du mal à moi et, à chaque fois qu'on tue un animal, c'est un peu moi qu'on assassine. Effectivement.

A quoi avez-vous pensé au moment précis où tout a basculé, quand vous avez décidé d'arrêter ?
Il n'y a pas eu de moment précis avec un déclic. J'ai compris à dix-sept ans. Et je peux vous dire quelque chose qu'on ne sait pas mais qui est profondément sincère. Je vous affirme, aujourd'hui, que je n'ai accepté et voulu faire du cinéma que pour pouvoir défendre les animaux. Dès cette époque, au début des années cinquante, bien avant le succès de Et Dieu créa la femme, je voulais, avec mon premier argent, m'acheter une immense ferme pour y mettre des bêtes de toutes sortes que personne ne tuerait et qui finirait par décéder de vieillesse. Au départ, mon idée d'existence et mon rêve de bonheur, ce n'était que ça.

Vous y avez peut-être mis le temps. Encore que c'est allé vite. Mais vous avez fini par y parvenir. Dans votre seconde maison de Saint-Tropez, à la Garrigue, vous vivez comme une vraie fermière, entourée d'animaux que vous avez tous sauvés...
En les arrachant à la mort, je peux dire, car ils viennent tous des abattoirs, sauvés in extrémis.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:01

C'est donc uniquement pour parvenir à sauver des animaux en détresse que vous avez souhaité accéder à la célébrité ?
Célèbre, je le suis devenue malgré moi. Mais pour eux. Je n'ai jamais voulu être célèbre pour être célèbre. Aujourd'hui, je souhaite que ma célébrité d'hier et ma célébrité d'aujourd'hui me servent à aider les animaux en détresse.

Et à rien d'autre ?
Non.

Vous n'avez pas envie d'aider les gens en détresse...
C'est moi que cela regarde. Je fais ce que j'ai à faire. J'aide les pauvres et les malheureux que je rencontre. Je donne de l'argent et de mon temps pour des personnes âgées et des adolescentes, mais je ne le crie pas. C'est personnel, ce n'est pas mon combat.

Je me souviens, un jour, être arrivé chez vous dans votre maison de Bazoches, proche de Paris, et vous avoir trouvée en larmes devant votre poste de télévision. Il y avait un reportage sur des gosses estropiés, croupissant nus dans un orphelinat-mouroir. Vous aviez, sur le champ, établi un chèque de 50 000 francs à destination d'Alain Michel de l'association Equilibres. Vous entretenez quantités de gens et presque tout le monde vous tape de l'argent...
Ecoutez, on va arrêter là. Je ne tiens pas à ce qu'on s'étende sur ces histoires. Encore une fois, c'est moi que cela regarde. Que chacun, fasse à sa conscience, accomplisse ce qu'il croit utile, juste et bien.

Mais pourquoi ne pas accepter, vous concernant, qu'il soit su que vous savez être compatissante aux malheurs d'autres êtres vivants que les animaux ? Vous avez, notamment, bataillé pour faire sortir une mère de famille surendettée de prison afin qu'elle retrouve ses enfants et pour éviter des lapidations en Iran...
Parce que la charité, la vraie, ne fait pas de bruit. Voir des gens qui s'empiffrent de petits gâteaux et de toasts au caviar, en smoking ou en robe du soir, soi-disant au nom de la charité, m'écœure profondément. Cela me révolte. Je n'ai pas à étaler tous mes combats sur la place publique. A chacun les siens.

On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'avoir du cœur...
C'est bien ce que je dis. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui combat au sein d'une association reprocher quoi que ce soit à quelqu'un qui combat dans une autre association. Personne n'a jamais critiqué mon combat pour les animaux, sinon, peut-être, des imbéciles ou des gens qui ont choisi de ne s'occuper de rien. On n'a pas un cœur pour les animaux, un cœur pour les enfants et un cœur pour les personnes âgées. On a du cœur, le même cœur pour toutes les détresses. Je me souviens m'être indignée, il y a longtemps, de questions qui, je crois, étaient posées à un examen du permis de conduire. Il était demandé aux candidats s'il valait mieux, vos freins lâchant votre voiture, écraser un vieillard, un enfant ou un animal. Qu'est-ce que c'était crétin ! A quoi j'ai répondu "personne". Un point, c'est tout ! De toute façon, je n'ai jamais empêché personne de choisir un combat et de se battre.

Avez-vous le sentiment que des gens s'intéressent encore à l'actrice que vous n'êtes plus ?
Oui. Il y a des gens qui n'ont toujours rien compris et qui voient encore en moi une actrice, ou disons une ex-actrice, de cinéma. Je les arrête tout de suite en leur disant "tu me les casses !". Je ne veux être, aujourd'hui, qu'une femme déterminée qui défend, de toute son âme, les êtres vivants que sont les animaux. L'actrice de cinéma que été n'existe que pour ça !

Vous vous moquez donc de votre carrière ?
Complètement. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point je m'en moque. Je ne pense jamais à mes films. Je ne les achète pas. Je ne les conserve pas pieusement. En général, ce sont des amis qui m'ont offert ou qui m'ont envoyé ceux, et ils sont rares, que je possède. Et que, d'ailleurs, je ne regarde jamais.

Et si l'un deux vient à être programmé sur une chaîne de télévision ?
D'abord, il faut que ce soit sur l'une ou l'autre des grandes chaînes hertziennes car je ne suis pas abonnée au satellite. Ensuite, il faut vraiment que je tombe dessus en zappant car je ne cherche pas à les repérer dans les magazines de télévision. Alors, si je suis bien lunée et si je ne trouve pas le film trop tarte, je peux rester un moment à le regarder. Mais je ne demeure pas une heure et demie à me contempler !

Et qu'en pensez-vous, généralement ?
J'en pense toujours la même chose. A chaque vision de l'un ou de l'autre de mes films, je suis envahie par les mêmes sentiments. Ce sont des films dont j'ai, généralement, oublié et l'histoire, et les rebondissements et le dénouement. Je vous le promets, je ne me souviens plus ni du début ni de la fin de l'intrigue. Cependant, beaucoup des films que j'ai tournés étaient des comédies, alors parfois, cela m'amuse de les revoir. Je les redécouvre en souriant.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:01

Pour vous contempler dans ce miroir et rire de vous voir si belle ?
Certainement pas. Je n'ai jamais cédé à la fascination de me contempler et de m'admirer. Ca, jamais !

Et la fille blonde sur la pellicule, comment la trouvez-vous ?
Franchement, ça dépend. Emouvante...

Sublime ou tarte ?
En regardant le film, je la vois comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Je contemple cette personne qui m'est étrangère avec curiosité. En me voyant bouger sur un écran, je ne me souviens pas d'avoir fait ces gestes-là, entourée de ces gens-là. En fait, je ne me souviens de pas grand-chose concernant mes faits et gestes d'hier.

Lorsque vous vous voyez, aujourd'hui, sur un écran, vous examinez-vous avec indulgence ?
Je m'observe sans indulgence particulière. Mais il n'y a pas non plus de quoi s'indigner. C'est autre chose. Il m'arrive de me dire, pendant quelques secondes, que cette fille-là était plutôt pas mal. Mais je n'y pense pas longtemps et je l'oublie très vite. C'est comme si, aujourd'hui, je me trouvais réincarnée en une autre femme. Totalement différente.

Mais honnêtement, trouviez-vous mignonne cette Brigitte Bardot actrice de cinéma ?
Disons que je me considérais, quand je me voyais en photo ou sur de la pellicule, plutôt pas mal, oui. Mais vous savez, je suis bon public et je me laisse facilement gagner par toutes sortes d'émotions. Mais je ne me suis jamais étourdie devant mon apparence physique ni devant mes qualités de comédienne. Je m'en soucie comme d'une guigne. Je considère que ce qui m'est arrivé tenait du miracle. Je n'ai eu, en fait, qu'un seul mérite. Celui d'arriver, et, donc, de me trouver là, au bon moment.

A l'origine, vous étiez brune ? Quand avez-vous décidé de devenir blonde ?
Brune non, châtain oui ! Lors de mon deuxième séjour au Festival de Cannes, en 1956, nous voulions monter avec Vadim et Raoul Lévy Et Dieu créa la femme. Question finance, nous avions à peine de quoi tourner le film en noir et blanc. Alors, pour faire avancer notre projet, je me prêtais à toutes les photos et interviews, mais autant d'agitation commençait à me barber. Je m'en sortais en me montrant insolente et arrogante. Et c'est là que j'ai décidé de me faire éclaircir les cheveux en blond. Quand je me regardais dans la glace, je trouvais que j'avais l'air d'une lionne. C'est aussi cette année-là que j'ai rencontré Pablo Picasso.

Comment se fait-il qu'il n'ai jamais réalisé votre portrait ?
Parce que, quand je suis allée le voir à Vence, intimidée devant ce "demi-dieu" me montrant ses toiles et ses céramiques dans son atelier, je n'ai pas pensé à le lui demander.

Il y avait, à la fin des années cinquante, plein de jolies filles dans le paysage cinématographique qui étaient pimpantes et pétillantes, bien fichues et assez drôles. Selon vous, pourquoi la gloire est-elle tombée sur Brigitte Bardot et pas sur une autre ?
Parce que je suis venue sur terre pour y accomplir quelque chose d'important. Je suis très croyante.

Pensez-vous avoir une influence sur la vie des femmes, au long des années soixante, en voyant les maquillages, les coiffures et les vêtements à la Bardot ?
Je m'en tamponne le coquillard comme aurait dit mon grand-père !!

Pensez-vous aussi avoir chamboulé les comportements sociaux et sexuels ?
Pour reprendre une expression d'Edith Cresson : "Je n'en ai rien à cirer !".
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:02

Et que dites-vous à vos fans, enfin aux fans de l'ex-actrice, qui vous ont, d'abord, aimée pour et par vos films ?
A ces fans, qui me parlent de cette période de ma vie, je leur dis de me suivre, puisqu'ils m'aiment, dans ma lutte présente.

En vous entendant, j'ai le sentiment que vous en êtes venue à détester le cinéma. Vous souvenez-vous de l'avoir, au moins un jour, aimé ?
Je l'ai peut-être aimé. Un jour. Peut-être, mais je ne m'en souviens plus. Pour tout vous dire, je ne me souviens même pas d'avoir fait du cinéma.(Rires). Ce devait être, à l'époque, quelqu'un d'autre que la femme que je suis aujourd'hui.

Pour vous, le cinéma, étais-ce du travail ? Et si oui, étais-ce un travail pénible ?
Je n'ai jamais eu l'idée que le cinéma était vraiment un travail. Au début, j'enchaînais petit rôle sur petit rôle. Cela n'avait donc pas le temps d'être fastidieux. Ensuite, lorsque j'ai eu des rôles plus importants, je tournais avec Vadim qui étais mon mari. Nous étions en famille. Je n'avais toujours pas le sentiment de travailler dur.

Pourquoi donc, en ce cas, vous en être lassée et détournée ?
Le cinéma, à vrai dire, cela ne me plaisait et je m'en serais volontiers accommodée. Il y a quand même des choses plus pénibles à faire dans l'existence que de se lever de bonne heure et de jouer devant une caméra. Mais c'est tout ce qu'il y avait autour qui m'a fatiguée et qui m'en a dégoûtée à jamais. Tout ce cirque, tout ce tapage, toute cette folie incessante, tout cette clique de photographes, toute cette traque de journalistes qui me suivaient et me scrutaient jour et nuit. Cela m'a épuisée. Le cinéma ce n'était plus un plaisir, c'était devenu un supplice. Je n'en pouvais plus de ne plus être tranquille, de plus jamais avoir la moindre paix.

Est-ce que vous avez à l'esprit un exemple d'hystérie terrifiante à votre entour qui vous a laissé des souvenirs particulièrement pénibles ?
Pas pénibles, atroces ! Il y en a plusieurs. Et des pires. J'ai en tête un court séjour à Cannes, pendant le festival, qui fut ma dernière apparition sur la Croisette et aussi, d'ailleurs, ma dernière apparition cinématographique officielle. J'étais alors mariée à Gunther Sachs qui avait fait venir dans son appartement de l'avenue Foch des robes de chez Dior qui ne plaisaient pas car elles ne me correspondaient pas du tout.

Parce qu'il y avait de la fourrure...
Non. Pas du tout.

Pourtant, sur les marches du Vieux-Palais à Cannes, vous avez porté de la fourrure avec Kim Novak, qui est maintenant engagée, elle aussi, dans un combat animal et qui défend notamment les lamas ?
Oui. A Cannes et ailleurs. Avec Kim Novak, nous avons effectivement monté les marches avec des étoles de fourrure. Ce qui prouve que nous étions de belles connes ! A l'époque, je le dis et je le redis, je ne savais pas. J'ignorais qu'une étole de fourrure symbolisait la souffrance et la mort. Depuis, je l'ai appris. Et je suis effarée de voir des actrices qui, maintenant, n'ignorant rien de cette atrocité et n'ayant plus l'innocence de la jeunesse, continuent à s'affubler de peaux de bêtes que, seules, celles-ci peuvent porter. Lorsque je les vois, je les trouve grotesques.

Donc, revenons au Festival de Cannes et aux robes de couturier ?
Je me sentais déguisée. J'ai refusé de les porter. J'ai couru chez Jean Bouquin qui m'a confectionné, en peu de temps, un smoking noir que j'ai porté sur un chemisier en dentelles. C'était très joli.

Et c'est là que vous avez connu une soirée d'hystérie en effectuant votre apparition ?
Au-delà de l'imaginable. J'avais accepté d'aller à Cannes pour accompagner Gunther qui avait produit un documentaire sélectionné pour le festival. Dès que je suis apparue, les gens se sont mis à hurler de tous côtés. J'étais ballotée, écrasée, pressée, pressurée. Ce fut un cauchemar. Et ce n'est que là que Gunther, qui était aussi effrayé que moi, a vraiment compris pourquoi je n'avais, jusqu'à ce jour, jamais voulu revenir à Cannes. Tout le monde s'en souvient, paraît-il, comme de l'une des pires nuits d'apocalypse du festival. La police fut dépassée par l'événement et un photographe de Paris-Match, Jean-Claude Sauer, fut même blessé. Ce fut une véritable marée humaine qui déferla sur les marches du Palais. Je me souviens avoir remis une médaille sur scène à Michel Simon, puis je suis partie en courant, sans demander mon reste. D'ailleurs, lorsqu'on me parle du Festival de Cannes, je cours encore.

Que se passe-t-il, dans votre tête, quand vous tombez, par hasard, chez vous ou dans un magazine, sur une photo de vous d'hier ?
Je me dis que ce n'est plus mon truc, que ce n'est plus moi. J'ai découvert, je l'ai assez dit et répété, il y a un peu plus de trente ans, une nouvelle vie. Et je sais, c'est une conviction intime, que rien n'arrive par pur hasard dans l'existence. Le cinéma, ce ne fut qu'un marchepied. Ce ne fut qu'un passage, un passage obligé pour que j'en arrive là où j'en suis maintenant. Aucun de nous n'est sur terre pour rien. Nous sommes tous là pour que chacun parvienne à faire quelque chose de sa vie.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:03

Pensez-vous que vous resterez dans la mémoire collective comme une actrice ayant marqué l'histoire du cinéma ?
Honnêtement, je n'en sais rien. Je n'ai peut-être pas eu un immense talent de comédienne, mais je jouais avec mon cœur, mes tripes. Je vivais mes rôles, ce qui participé à une certaine destruction dans La Vérité.

En fait, êtes-vous fière d'avoir été actrice ?
Je suis surtout fière d'avoir réussi ce que j'ai entrepris. On ne doit jamais rien entreprendre sans arriver jusqu'au bout. J'ai fait quelques bons films. J'en ai fait d'autres qui étaient moins bons. Un acteur ou une actrice, c'est une marionnette dont on tire le pire et le meilleur...

A quel instant précis avez-vous décidé d’arrêter le métier d’actrice et de changer de vie ?
Je m’en souviens très bien. Je tournais dans le Périgord L’Histoire très bonne et très joyeuse de Collinot Trousse-Chemise de la talentueuse Nina Companeez en 1973. Entre deux scènes, je me suis vue, passant devant une glace, chapeautée d’un hennin et costumée en châtelaine moyenâgeuse. Je me suis trouvée franchement ridicule, tellement cruche. Le cinéma me gonflait depuis longtemps déjà et en une seconde, j’ai décidé d’arrêter. Immédiatement. J’ai fini le film, mais j’ai dit à mon agent, Mama Olga, Olga Horstig, que je ne voulais plus jamais faire de cinéma et que je ne voulais plus jamais lire un seul scénario.

Parce que vous lisiez tous les scénarios que vous receviez ?
Oui. Enfin…

Donc, vous avez cessé de les lire ?
Je ne voulais plus entendre parler de cinéma. Et je m’y suis tenue.

Sans regret ?
Sans regret aucun. Le cinéma, je voulais arrêter. Il ne m’apportait plus rien. Et moi non plus. Du reste j’ai arrêté du jour au lendemain. Le seul regret que j’ai eu fut de le quitter sur des conneries. Car, tant qu’à partir, j’aurais préféré m’en aller en beauté.

Vous avez cessé de lire les scénarios mais pas d’en recevoir. Car ils continuaient à être envoyés quand même ?
Oui. Bien sur. Mais Mama Olga les retournait sans même m’en parler. Sans même les lires. Elle n’a jamais tenté de me faire fléchir. Je n’ai même pas voulu savoir ce qu’ils racontaient ni qui les envoyait.

On dit que les studios américains vous auraient adressé, peu après votre décision d’arrêter, le scénario d’un film vous réunissant à l’affiche avec Marlon Brando et que vous auriez reçu l’offre pharamineuse d’un cachet d’un million de dollars pour le tourner…
C’est exact, il y a eu quelque chose comme ça. D’autres comme L’Affaire Thomas Crown avec Steve Mc Queen. C’était peut-être très bien d’avoir Brando pour partenaire, mais je ne voulais plus de ce métier. Comme j’avais déclaré à plusieurs reprises que je voulais arrêter le cinéma mais que je ne l’avais pas fait, beaucoup, au début, ne m’ont pas crue. Mais il leur a bien fallu se rendre à l’évidence. Je voulais être plus utile ailleurs.

Vous souvenez-vous d’avoir, néanmoins, un jour, aimé ou admiré des actrices de cinéma ?
Je ne me souviens pas d’avoir, un jour, aimé ou admiré des actrices de cinéma, uniquement parce qu’elles étaient actrices. En revanche, je me souviens parfaitement d’avoir aimé, et d’aimer encore, des femmes qui étaient aussi des actrices de cinéma. Mais, de ce dernier aspect, je me moque. Ce n’était pas et cela ne reste pas la raison essentielle de mon affection. Par exemple, j’ai aimé en Romy Schneider et l’actrice et la femme. Elle m’a beaucoup émue.

Comment avez-vous vécu sa disparition ?
Mal. Très mal. Sa disparition fut, comme celle de Marilyn Monroe, un moment terrifiant pour moi. L’une comme l’autre étaient des êtres de grâce. Elles étaient plus que belles. Elles étaient plus que douées. J’ai mal vécu, à des moments différents, leur mort. D’abord, parce qu’elles étaient des créatures fabuleuses et des femmes exceptionnelles. Ensuite, et c’est vrai, parce que je pensais à moi. A moi, à leur place. Des années après leur disparition, je reste intimement persuadée que c’est le cinéma qui les a tuées toutes les deux. Quand Marilyn est partie, en 1962, j’étais encore jeune, j’avais 28 ans et je travaillais déjà dans le métier, si j’ose dire. J’ai été effectivement attristée et atterrée, mais je manquais de recul pour en comprendre les causes.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:03

Aviez-vous rencontré Marilyn Monroe ?
Oui. En Angleterre. En 1956, j’avais été invitée à la Royal Performance à Londres. Après la projection d’un film, je ne sais plus lequel, dans un grand cinéma, tout un groupe d’acteurs, présents, alignés en rang d’oignon, devait être officiellement présenté à la reine Elizabeth d’Angleterre. Je me suis mise dans la file et nous avons tous attendu…

Dans la haie que vous formiez, il y avait notamment Joan Crawford…
Je m’en moquais comme de ma première culotte. Comme la reine ne montrait pas le bout de son nez et nous faisait allègrement poireauter, depuis longtemps déjà, j’ai quitté ma place pour aller au petit coin. Je suis entrée dans cette pièce, attenante aux toilettes, qui existe dans les pays anglo-saxons en laquelle les femmes pia-piatent en se refaisant une beauté. Et c’est là, soudain, que je l’ai vue. J’ai vu Marilyn. Elle était assise, face à la glace. J’étais debout et je passais. Je l’ai immédiatement reconnue. Il était impossible de ne pas la reconnaitre. Elle était une star absolue, la plus grande vedette du monde. Je n’étais, moi, qu’une débutante…

…confirmée…
…vaguement… Je ne me suis jamais sentie concernée par mon niveau de notoriété. De toute façon, elle ne savait pas qui j’étais et cela n’avait aucune importance.

Donc, vous la voyez dans la glace…
Je la vois devant la glace. Se regardant. Elle devait se remaquiller ou se recoiffer. Que sais-je ? Se remettre un peu de poudre ? Arranger une mèche de ses cheveux ? Quand je suis passée derrière elle, elle a levé les yeux. J’ai légèrement baissé les miens puisqu’elle était assise et moi debout. Et nos regards se sont croisés, quelques secondes à peine dans le miroir.

…et…
Et nous nous sommes souri. Cela a été très bref et n’a duré qu’un court instant.

Vous vous rendez compte que c’est un incroyable souvenir ?
Cela reste pour moi un souvenir très émouvant. C’est un regard qui fut presque comme une caresse. Ce fut doux. Léger. Presque aérien.

Et après ?
Et après, rien. J’ai continué mon chemin. Je me suis remise dans la file, à ma place. La reine d’Angleterre a fini par arriver. J’ai fait la révérence, ainsi qu’on me l’avait appris. Marilyn était aussi dans la file. Elle a aussi fait sa révérence. Je ne l’ai plus revue, ni ce soir-là, ni plus tard. Dans ses films, j’ai continué à la trouver sensationnelle. Et un peu fêlée, dans le sens où elle paraissait constamment exprimer quelque chose qui s’était cassé en elle. Et sept années plus tard, elle est partie. J’ai pleuré.

Et Romy ? Vous disiez, quand nous avons commencé à parler de Marilyn, qui le cinéma l’avait, elle aussi, tuée.
Je le pense sincèrement.

Vous connaissiez bien Romy ?
Oui. Je l’avais rencontrée lors d’un galon de l’Union des artistes où nous avions été présentées l’une à l’autre. Je l’ai revue à Saint-Tropez en 1968, lors du tournage de La Piscine. Je ne l’ai bien connue que quelques années plus tard, après avoir diné à la même table qu’elle chez Picolette qui tenait le Vieux Moulin à Saint-Tropez. Nous nous sommes bien entendues. Immédiatement. Nous avions la même façon de voir les choses. Elle m’a paru, dès ce premier soir où nous avons discuté et sympathisé, d’une lucidité farouche face à ce métier et aux gens qui l’exerçaient. Et c’est précisément cette lucidité qui nous a rapprochées et réunies, qui a fini par la détruire. Et qui m’a un peu détruite moi aussi.

Et vous l’aviez invitée à la Madrague ?
Je l’ai souvent reçue à la Madrague. Elle venait me voir lorsqu’elle habitait à Saint-Tropez. Nous étions tous les deux traquées par les photographes qui ne nous laissaient pas en paix. Chez moi, elle pouvait prendre des bains de mer, de soleil et faire ce que bon lui semblait.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:04

Pour vous, Marilyn et Romy sont les victimes de la machine infernale du cinéma ?
Oui. La disparition de Romy m’a terriblement marquée. Quand Marilyn est partie, j’étais à la Madrague. Quand Romy est partie, j’avais arrêté de travailler dans le cinéma et je n’avais plus le même âge. J’avais près de 47 ans et j’étais plus actrice depuis neuf ans. Les départs de l’une et de l’autre m’ont bouleversée et j’ai beaucoup pleuré. Mais celui de Romy, s’il m’a plongée au trente-sixième dessous, m’a aussi donné une force incroyable.

Tout ce qui ne vous abat pas vous rend plus forte ?
J’ai réalisé, au long des jours qui suivirent la mort de Romy, qu’en arrêtant le cinéma des années plus tôt, j’avais sauvé ma peau. J’ai compris que j’avais préservé ma vie. Si je suis là, aujourd’hui, à parler avec vous, c’est que j’ai su quitter le cinéma à temps et prendre du recul. Sans cela, j’y aurais laissé ma vie. J’en suis certaine.

Qu’est-ce qui vous fait dire une chose pareille avec tant de certitude ?
Romy était habitée par le désespoir. Elle m’en parlait souvent. Nous passions des après-midi à en discuter. Le désespoir de quoi ? Je n’en sais rien, mais je sais que ce désespoir-là, informe et infini, je l’ai aussi connu. Quand je voyais le temps m’échapper, je doutais de tout, quand je ne trouvais personne à qui accorder ma confiance, j’ai failli sombrer et je me suis raccrochée aux animaux. Mais je crois, c’est une opinion tout à fait personnelle, que Romy, qui a éprouvé tout ce que je ressentais, ne croyait plus à grand-chose et qu’une immense tristesse l’habitait.

Romy n’avait-elle pas voué tout son amour à son métier ?
Effectivement. Et elle s’imaginait qu’elle pourrait, sans dommages, aller, sur ce terrain, plus loin encore. Il faut comprendre que cette gloire extraordinaire qu’apporte le cinéma ne va pas sans un inévitable revers de médaille qui s’avère épouvantable. Vous croyez avoir tout ce qu’il faut pour être heureuse, la beauté, le succès, la gloire, mais la vie, avec ses terribles coups du sort, vous met hors de combat.

Cela a-t-il failli se passer ainsi pour vous ?
Je vous ai déjà confié que mes nerfs, en ce métier d’actrice, ont été rudement mis à l’épreuve. J’aurais donc pu en arriver là.

Et cela se passe-t-il toujours comme ça pour une actrice… célèbre ?
Toujours. Beaucoup de stars, à bout de nerfs, se sont suicidées. Ou tentent de le faire. Comme moi. J’ai tenté, excédée, à bout, ne croyant plus en rien, de me supprimer. En 1960, après le tournage de La Vérité, je me suis tailladée le poignet avec un rasoir et j’ai avalé le contenu d’un tube de barbituriques. Dans un service de réanimation, j’ai bataillé plusieurs jours contre la mort. En réalité, il s’agissait plus d’un appel au secours, d’une tentative de fuite, d’un départ pour une autre vie. J’ai frôlé la mort de tellement près que j’ai eu envie de vivre éternellement. Ce ne fut, hélas, pas le cas de Romy. Quoi qu’il en soit, elle reste et restera à jamais un mythe. Une femme exceptionnelle !

Comme vous…
Ah bon ! Moi, je ne fais plus partie de la bande. C’est terminé. Il y a plus de trente ans que j’ai abandonné ce métier.

En fait, à l’époque où vous arrêtez le cinéma, Romy Schneider a vu venir à elle les plus beaux rôles féminins du cinéma français. Elle a reçu des scripts superbes et elle a tourné des films de plus en plus merveilleux. Des rôles qui vous auraient été proposés si vous aviez encore travaillé…
Mais tant mieux pour elle. C’est votre vision des choses. Je ne suis pas jalouse, vous savez. Oh la la !

Chacun le sait. Je souhaitais seulement faire remarquer que ces beaux rôles là, c’est vous qui auriez pu les tenir.
Je suis très contente qu’elle les ait eus, mais en ce qui me concerne, je m’en moque éperdument. Je n’ai pas fait attention au moment où les plus beaux rôles féminins du cinéma français sont arrivés à Romy. Et je ne me suis jamais, mais alors jamais, imaginée dans l’un ou dans l’autre des personnages qu’elle a interprétés. En ce qui concerne Marilyn et Romy, je me souviens que chacune fut, et une comédienne et une femme unique. Que le cinéma les a brisées. Et je ne suis pas la seule à les regretter.

Puisque nous parlons de disparus dont nous regrettons l’absence, vous m’avez dit, un jour, que Vadim était « la clé de votre vie »…
C’est vrai. Nous étions du même sang. Il était toute ma famille et aussi le héros de ma jeunesse.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:04

Le soir de son décès, une chaine de télévision a reprogrammé Et Dieu créa la femme afin de lui rendre hommage. Vous dites ne jamais regarder les films que vous avez tournés. Mais ce soir-là, étiez-vous devant votre poste de télévision ?
J’avais passé une journée terrible à pleurer toutes les larmes de mon cœur, totalement comateuse. Avant de m’endormir, je suis tombée, par hasard, sur la diffusion d’Et Dieu créa la femme et j’ai estimé, en des circonstances aussi tristes, qu’il était de mon devoir de regarder ce soir-là notre film. Je suis donc restée devant la télévision, je n’ai pas changé de chaine et j’ai regardé le film jusqu’à la fin.

Et qu’en avez-vous pensé ?
Que ce n’était pas si mal que ça !

Qu’est-ce qui n’était pas si mal que ça, le film ou la fille ?
Les deux. Grace à Vadim.

Sa mort vous a-t-elle tant chamboulée ?
Elle m’a bouleversée et le mot est faible. Je l’ai ressentie comme un choc terrible. C’était comme si une partie de moi-même m’avait été enlevée. Je savais parfaitement qu’il était heureux avec Marie-Christine Barrault, mais il représentait tellement de choses pour moi que je ne pouvais qu’éprouver un immense chagrin à l’annonce de sa disparition.

Vous souvenez-vous, aujourd’hui encore, de votre toute première rencontre avec cet homme qui a changé le cours de votre vie ? Avez-vous compris, lors de cette première rencontre, que votre existence allait prendre un nouveau cours ?
Lorsque que j’ai rencontré Vadim pour la première fois, j’avais 14 ans et je ne savais pas grand-chose de la vie. Alors, vous pensez !

Vous étiez une gamine, une sacrée gamine, si j’ose dire…
Totale. J’ignorais tout de tout. Je vivais cloitrée chez mes parents. Je n’avais absolument pas le droit de sortir. J’ai donc quitté la compagnie de ma gouvernante pour celle de Vadim, passant sans transition des bras de l’une à ceux de l’autre. Et j’étais loin de m’imaginer, en rencontrant ce grand beau garçon, que je ferais en sa compagnie un si long parcours.

Vous est-il resté quelque chose de l’éducation rigide et austère que vous aviez reçue ?
Difficile, peut-être… Mais elle m’a appris la dignité, le sens de l’honneur, la droiture, l’honnêteté, il m’en reste heureusement beaucoup, c’est tant mieux !

Le cinéma vous a, toutefois, permis d’en sortir ?
Absolument pas. Car, après avoir tourné Et Dieu créa la femme, je me suis retrouvée prisonnière non plus de mes parents ou de mon mari, mais d’une certaine image de moi qui ne me correspondait pas. Je me suis retrouvée, une fois encore, prisonnière.

Et comment s’en sort-on, dans ce cas-là ?
C’est simple. On n’en sort pas. Je n’ai pas vécu. J’ai seulement survécu.

Quelle est donc, dans vos souvenirs, j’y reviens, la première impression que vous avait faite Vadim ?
Il m’avait fait une impression magnifique. Celle d’un être magique et fantastique. Il fut le premier homme de ma vie. Je l’aimais. Je l’admirais. Je l’aime et je l’admire toujours.

Avez-vous eu la curiosité de lui demander, plus tard, quelle était la première impression que vous lui aviez faite ?
J’ai toujours pensé que sa première impression n’avait pas du être trop mauvaise puisqu’il a manifesté, par la suite, beaucoup de patience et d’obstination. Il m’a attendue tout le temps qu’il fallut. Et ce, pendant des années, avant de réussir à obtenir de mes parents le droit de m’épouser. Pour parvenir à son but, il s’est plié aux conditions draconiennes que lui avait imposées mon père, nous marier religieusement, suivre des cours de catéchisme auxquels je l’accompagnais, me laisser vierge jusqu’au mariage… ce que nous n’avons pas fait !
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:05

Vous avez été mariés puis divorcés. Mais vous êtes restés très liés puisque vous avez continué à faire plusieurs films ensemble, notamment, Les Bijoutiers du clair de lune, La Bride sur le cou, pour lequel, après votre séparation, vous l’aviez réclamé comme metteur en scène, Le Repos du guerrier, qu’il avait adapté et monté pour vous et Robert Hossein, et Don Juan 1973.
Nous étions parvenus, sans vraiment le chercher ni le vouloir à tout prix, à vivre dans une complicité formidable qui s’était, d’ailleurs, installée d’elle-même et qui a duré jusqu’à sa disparition.

Néanmoins, vous l’aviez attaqué en justice lorsqu’il avait publié ses mémoires, pour des passages vous concernant ?
Pour être franche, je n’ai jamais lu ses mémoires et je ne pense pas qu’il y dise quoi que ce soit de désagréable me concernant. C’est mon avocat de l’époque qui avait voulu se lancer dans cette affaire en avançant que Vadim dévoilait notre vie privée. Mais ce n’est pas allé très loin et, par bonheur, nous sommes restés amis.

Quel genre de rapports aviez-vous tous deux ?
Epatants et complices. Vadim était quelqu’un avec qui je n’avais pas à faire le moindre effort. Il me connaissait sur le bout des doigts. Il n’ignorait rien de moi. Il savait comment accepter mes états d’âme et mes sautes d’humeur. Il savait comment composer avec. Tout était simple. Il n’y avait jamais de conflit.

Même après votre séparation ?
Après notre séparation et avec le temps qui passait, il était devenu comme un frère. Un grand frère. Un vrai frère. Nous étions du même sang et nous avions toujours la même fusion fraternelle. Il était mon dernier lien avec l’enfance.

Est-ce une vérité ou un mensonge que de dire que Vadim vous a créée ?
C’est une légende. Fausse. Vadim ne m’a pas créée. Il ne m’a pas faite non plus. Mais il m’a permis d’être ce que je suis devenue. Il est celui qui a ouvert le cocon et qui m’a aidée à m’envoler. S’il n’avait pas été là, je ne serais pas, aujourd’hui, ce que j’ai été ni ce que je suis. Il m’a encouragée à être moi et non pas une autre. Parce qu’il a surtout compris ce que je voulais ne pas être.

Est-ce une vérité ou un mensonge que de dire que vous avez créé Vadim ?
C’est aussi une légende. Je ne l’ai pas fait. Je ne l’ai pas créé. Je l’ai, simplement, moi aussi, aidé à devenir ce qu’il était.

Vous ne le considérez pas comme votre Pygmalion ?
Ah non ! Je l’ai beaucoup aimé, mais je ne considère absolument pas Vadim comme mon Pygmalion. Je le considère comme quelqu’un qui m’a libérer de certaines entraves.

Lorsqu’on considère la façon dont a évolué, par la suite, la vie sentimentale de Vadim, on est frappé par la ressemblance criante qu’il y avait entre vous, Brigitte Bardot, et celles qui vous ont succédé à son coté. Notamment Annette Stroyberg et Catherine Deneuve qui, au début de leur liaison avec Vadim, avaient l’air d’être vos copies conformes ?
Et Jane Fonda aussi. Mais c’est surtout à lui qu’il aurait fallu le demander. Je pense que cela correspondait à un phénomène de mimétisme. Des hommes passent une vie à préférer un certain type de femmes, à les rechercher partout et à les rendre systématiquement semblables au modèle qu’ils ont en tète. Ce devait certainement être le cas de Vadim, mais je n’ai jamais cherché à l’analyser. De toute façon, j’ai toujours trouvé formidablement belles les femmes qui ont traversé la vie de Vadim.

Que pensez-vous d’Annette et de Catherine ?
Je me refuse à intervenir sur les périodes de son existence auxquelles je n’ai pas été mêlée. Mais c’est vrai que j’étais assez proche d’Annette, aujourd’hui partie. Elle fut une amie que j’aimais, une fille très gentille et une femme magnifique. Je pensais qu’elle était la beauté sur la terre.

Quel compliment, dans votre bouche !
Il suffit de regarder ses photos et de revoir Les liaisons dangereuses. Vadim nous apprenait, avant tout, la beauté.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:05

Qu’est-ce que Vadim vous a appris d’autre ?
Il m’a appris l’anticonformisme comme personne ne me l’a enseigné. Et il a surtout fait montre à mes yeux d’une constante recherche du beau et d’une réelle volonté de mettre du talent et de la classe dans tout ce qu’il entreprenait.

Vous arrive-t-il de penser encore à lui, ainsi qu’aux êtres proches qui vous ont quittée ?
Bien sur. Je pense tout le temps aux êtres qui m’ont quittée. Je pense constamment à mes parents qui reposent dans le petit cimetière de St-Tropez où j’irai, un jour, les rejoindre.

Pensez-vous que vous irez au ciel ?
J’essaie, depuis toujours, d’être une personne d’une infinie bonté, car une partie de moi est infiniment généreuse. Une autre partie est plutôt autoritaire. Je suis capable d’être tout à tour gentille et cassante. J’espère que le Bon Dieu me gardera une place là-haut et qu’il me mettra avec les animaux.

Vous étiez l’homme de votre vie même quand vous viviez avec un homme ?
Même quand je vivais avec un homme, je portais la culotte. Aussi bien pour prendre des décisions que pour pousser les brouettes.

Gardez-vous des bons souvenirs des hommes de votre vie ?
Je n’y pense pas. Je vis uniquement dans le présent immédiat et dans le futur proche. Je suis quelqu’un qui surnage à toutes les douleurs. J’ai perdu mes parents, mes amis, mes animaux, mes illusions et mes espoirs. Je ne vis qu’emplie des souvenirs de ceux dont je porte encore la lumière.

Il y a, dans Et Dieu créa la femme, une longue séquence dans le petit cimetière de Saint-Tropez dont vous avez parlé. Vous dites souvent que vous ne vous souvenez plus avoir fait du cinéma. Mais les gens, eux, se souviennent des scènes de vos films…
Je ne peux pas les en empêcher.

Mais dans votre carrière, même si vous ne regardez jamais les films que vous avez tournés, il en est quelques-uns qui restent dans les mémoires et qui ne sont pas forcément bons pour l’oubli ?
Vous savez, il fallait me donner des coups de pieds dans les fesses pour me pousser sur les plateaux. Le cinéma ne m’intéressait déjà pas plus que ça lorsque j’en faisais. Alors, maintenant que je n’en fais plus, imaginez à quel point cela peut m’intéresser…

Ne dites pas que dans votre filmographie, il n’y a pas quelques films intéressants…
Oui. Quelques-uns surnagent. Deux ou trois. Quatre ou cinq ! J’aime plus particulièrement, pour tout un tas de raisons dont je viens de vous parler Et Dieu créa la femme bien sur, mais aussi En cas de malheur, La Vérité, L’Ours et la poupée, Viva Maria et Vie privée. Ce sont quelques-uns des rares films que j’ai tournés et en lesquels je me suis véritablement sentie à ma place.

De tous vos films, La Vérité est le plus tragique. Vous vous suicidez à la fin de l’histoire, tout comme vous avez tenté de le faire à l’issue du tournage…
La Vérité est un film qui m’a laminée mais que je ne regrette absolument pas. S’il ne doit rester qu’une seule trace de mon passage sur les écrans de cinéma, j’aimerais que ce soit celle-là.

Vous avez, parait-il, été secouée par le tournage puisque ce fut la seule fois, dit-on, qu’un metteur en scène osa vous gifler…
Il est, contrairement aux rumeurs, totalement faux de raconter que Clouzot m’a giflée. C’est moi, au contraire, qui l’ai giflé. Il me prenait à part, me parlait à l’oreille, me confinait au cafard et me désespérait de mille façons. Néanmoins, il sut susciter en moi des émotions que je ne soupçonnais même pas. Un jour, pour les provoquer plus rapidement, il n’hésita pas à marcher carrément sur mes pieds nus. Je lui ai alors flanqué une claque en retour. Quand le tournage a pris fin, j’étais à bout. Physiquement. Moralement. Nerveusement.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:06

Est-ce un film que vous revoyez ?
Il y a quelques années, des amis m’organisèrent une projection privée dans une salle des Champs-Elysées à l’occasion de la re-sortie du film. J’ai donc revu La Vérité. Je me suis revue et je dois dire que je me suis alors demandé si j’avais vraiment, vraiment, eu raison de ne pas aimer jouer.

Avez-vous pleuré ?
Comme une madeleine. Il n’y avait que des amis dans la salle, mais lorsque les lumières se sont rallumées après la scène finale de ma mort, lorsque mon personnage se suicide en prison, j’étais en larmes et mes pleurs avaient fait couler mon maquillage jusque sur mon menton. J’avais le sentiment de voir mon âme mise à nu.

Vous considérez-vous comme une femme libre ?
Oui.

Inféodée à un parti ?
Je ne suis soumise à rien du tout, à aucun parti. Et c’est la même chose pour mon entourage.

Peut-on parler de politique ?
Bof ! Je n’en fais pas, elle me répugne !

Tout le monde en fait un peu, ne serait-ce que par ses faits, ses gestes ou ses propos.
Moi, non. Je répète que je ne fais pas de politique. Je défends la cause animale. Et si j’approche la politique, c’est parce que j’y suis obligée, à cause des politiciens en place dont notre combat a besoin. Quels qu’ils soient, mais j’ai évidemment ma préférence.

Où vas votre préférence ?
Inutile de tourner autour du pot. Je vote à droite. J’ai toujours voté à droite et je ne m’en suis jamais cachée.

Comment vous, qui portiez un tee-shirt « Giscard à la barre » sur les quais de Saint-Tropez, avez-vous accueilli l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981 ?
Mal. D’abord, j’étais effondrée. Ensuite, j’ai compris qu’il me faudrait travailler avec. Il le fallait si je voulais voir aboutir nos projets et nos combats pour la fondation. C’est la gauche qui m’a octroyée la Légion d’Honneur. Pour le quart d’heure, Chirac devait me la remettre, car j’attendais qu’il soit Président… J’attends toujours. Et quand je dis j’attends toujours, j’attends toujours de voir aboutir mes projets. Le reste…

C’est la raison pour laquelle vous avez écrit à Jospin, qui vous avait reçue dès son installation à Matignon…
Ma fondation avait déposé un projet de loi concernant les animaux domestiques, que nous souhaitions voir voté par les députés et appliqué par le gouvernement Juppé. La dissolution de l’Assemblée est survenue et j’ai eu peur que ce projet soit enterré. Alors, dans les jours qui ont suivi l’installation du nouveau gouvernement de gauche, j’ai bel et bien écrit à Lionel Jospin qui m’avait reçue au préalable entre les deux tours de l’élection présidentielle. Je lui avais posé des questions précises quant à la protection des animaux, et il m’avait fait une excellente impression. Comme quoi, je ne suis pas sectaire. Il m’avait paru intègre et j’avais été impressionnée par l’homme. Mais j’en reste encore une fois déçue car il n’y a eu aucune suite…

Pas au point, cependant, de voter à gauche ?
Tout de même pas. Il ne fallait pas trop m’en demander. Mais cela n’a rien à voir. Moi, je défends les animaux. Tous. D’ailleurs les animaux ne sont ni de droite ni de gauche. Mais ne m’imaginez pas avec des œillères. J’ai même, au long de mes combats, travaillé avec un ou deux députés communistes. Et je continuerai à travailler avec des députés de tous bords, pour mon combat et ma fondation.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:06

Il y a des gens de droite qui restent persuadés que vous avez voté Jospin lors des dernières élections présidentielles ?
Ah non ! Il a été gentil et sympathique avec moi, mais je n’ai pas pour habitude de renier mes idées, ni de trahir mes amis… comme d’autres ?

Quels sont vos rapports exacts avec le Front National ?
Je pourrais avoir avec ce parti les mêmes rapports qu’avec tous les autres partis politiques qui peuvent, à un moment ou à un autre, m’aider dans mon combat. Si on ne comprend pas ça, on ne me comprendra jamais. Ceci dit, quand je regarde les débats politiques, je trouve que Marine Le Pen est une femme intelligente et courageuse.

Moi, je peux vous dire que je n’aime pas ses idées, mais peut-on parler d’argent ?
Ce n’est pas un sujet qui me passionne.

Quand on passe un peu de temps à votre coté, on est effaré de voir que vous payez tout et que vous signez et distribuez les chèques à tour de bras…
Je paie toujours tout ! De mes deniers personnels. C’est une habitude que j’ai prise. Je ne demande jamais rien, strictement rien, à ma fondation. A contrario, il m’est même arrivé de sortir mon chéquier et de payer de ma poche un employé de la fondation à un moment où elle était, financièrement, pas à l’aise.

Ce qui implique que, dans vos finances personnelles, vous êtes, en revanche, à l’aise ?
Non. Je ne le suis pas. Pourquoi dire cela ?

Quelqu’un qui ne demande aucun argent à personne et qui met constamment la main à la poche n’a rien d’une pauvresse…
Je ne possède presque plus rien, puisque j’ai quitté tout ce que je possédais. Je me suis séparée de toutes mes affaires de valeur et de tout ce que je tenais de mes parents. J’ai tout vendu aux enchères. Mes bijoux comme mes souvenirs. Et j’en ai eu, pendant longtemps, le cœur brisé. Pas pour mes bijoux, je m’en fichais. Mais il est des souvenirs dont je me suis séparée avec difficulté, dont la Madrague qui appartient désormais à ma fondation mais dont j’ai l’usufruit jusqu’à ma mort.

Vous êtes même allée jusqu’à vendre des meubles de famille hérités de vos parents ?
Oui. Je me souviens notamment d’une petite coiffeuse qui était un meuble de maitrise, un modèle réduit que réalisent les ébénistes avant de lancer l’œuvre originale. Cela m’a arraché chaque fibre de mon être d’avoir à m’en séparer, mais j’avais absolument besoin de liquidités pour constituer le capital de ma fondation en 1987. Le commissaire-priseur qui organisait la vente sans rien dire a acheté la coiffeuse pour me l’offrir.

Gunther Sachs, avec qui vous avez été mariée, a, parait-il, fait de même…
En effet, je lui avais demandé l’autorisation de vendre aux enchères les bijoux qu’il m’avait offerts. Il m’a autorisée à m’en séparer et lors de la vente, les a rachetés. A part ce petit meuble, je n’ai strictement rien gardé du temps de ce que vous appelez « ma splendeur passée ».

Et la Madrague, qu’en avez-vous fait exactement ?
Comme je vous l’ai dit, ma maison ne m’appartient plus. J’habite chez mes animaux puisque j’ai fait don de la Madrague, estimée à vingt millions de francs, à ma fondation en 1991. Ce sont donc mes animaux qui m’acceptent chez eux et m’hébergent.

Comment et quand, d’ailleurs, êtes-vous venue vous installer à Saint-Tropez ?
On raconte souvent que j’ai découvert Saint-Tropez en venant y tourner Et Dieu créa la femme. C’est totalement faux. Je connaissais Saint-Tropez parce que j’y allais en vacances avec mes parents qui y possédaient une maison et nous y venions, gamines, avec ma sœur Mijanou. Pendant le tournage de La Femme et le Pantin, en Espagne, maman m’a parlé d’une maison à vendre sur la cote. Un ancien hangar à bateaux situé au creux de la baie des Canebiers. J’ai profité d’un week-end pour quitter le tournage et m’y rendre et j’ai eu, sur-le-champ, un coup de foudre pour le lieu, les murs blancs, les lauriers roses et les eucalyptus. Ensuite, j’ai du faire pousser des canisses et des bambous pour me cacher des baigneurs, des bateaux venant s’ancrer face à mon ponton et des navires de promenades faisant visiter, avec haut-parleur, les maisons de la cote.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:07

Comment et de quoi vivez-vous aujourd’hui ?
Il me reste encore de l’argent du temps où je travaillais. Je l’ai placé. Je suis d’ailleurs assujettie à l’impôt sur les grandes fortunes.

Et vous n’avez pas d’autres revenus ?
Non, je n’ai pas de chaine de pressings, comme on l’a raconté. Je n’ai pas d’autres revenus, sinon ceux des livres que j’ai écris et qui, par chance, se sont bien vendus, en France et à l’étranger, dans trente pays, je crois ! Le premier a presque atteint le million d’exemplaires vendus.

Vos livres que vous avez écrits vous-même…
Oui. Evidemment. J’en garde les épais brouillons écrits de ma main au feutre bleu… et je suis extrêmement fière des trois livres que j’ai écrits.

Vos livres ont suscité du tapage. Vous êtes celle par qui le scandale arrive. Il est frappant de remarquer que depuis vos débuts vous suit toujours une image de femme à la mauvaise réputation. D’où vous est-elle venue selon vous ?
Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort, qu’ils ont forcément raison !

Peut-être parce que vous aviez, à l’époque, une vie sentimentale tourbillonnante…
Ca, c’est moi que cela regarde. J’ai eu la vie sentimentale que j’ai eue et que je voulais. Mais je n’ai jamais, par exemple, piqué un mec à sa femme. Tous mes amants étaient, lorsque je les ai rencontrées, célibataires. Je ne les ai volés à personne. Ils n’ont pas quitté quelqu’un pour moi. J’éprouvais des passions et des envies et je les assumais pleinement. Sans faire de mal à qui que ce soit.

Ce qui ne pouvait que susciter jalousie et malveillance…
Oh la la ! Ca, alors, c’était le dernier de mes soucis. Je m’en moquais totalement. Et je m’en fiche toujours.

Vous êtes-vous toujours moquée du « qu’en-dira-t-on »…
Je me suis toujours moquée de la malveillance des gens à mon encontre, même si je sais bien qu’à la longue, elle finit par faire mal.

De quel genre de malveillance étiez-vous entourée ?
De malveillances de toutes sortes. J’ai été épiée, traquée, poursuivie, pourchassée tel un animal aux abois. J’ai, par exemple, passé le temps de ma grossesse chez moi, volets fermés et rideaux tirés. Je devais rester allongée dans mon lit. Des photographes avaient même loué les appartements d’en face. Je ne pouvais donc plus ouvrir mes volets et mes fenêtres. Je peux aussi vous raconter une autre anecdote. Un jour, alors que je rendais visite à un ami malade à l’hôpital, je me suis retrouvée bloquée dans un ascenseur par une femme qui m’a insultée, m’accusant de m’amuser et de voler des hommes pendant que se déroulait la guerre d’Algérie. Louis, à qui j’avais raconté cette mésaventure, l’a d’ailleurs utilisée pour en faire une séquence du film Vie privée.

Comment réagissiez-vous à ces agressions ? En avez-vous gardé des traumatismes ?
J’ai plongé au fond du gouffre, mais je m’en suis toujours sortie. Pas forcément en bon état. En fait, pour me sentir bien, il m’a toujours paru important d’être accord avec moi-même. Je mettais des barrières. Dans mon métier d’actrice, lorsque je l’exerçais, je cherchais constamment à me préserver du mal et à garder mon âme d’enfant. La meilleure protection est l’isolement, loin de la foule déchainée, au calme.

En décidant d’arrêter le cinéma et d’embrasser la cause animale, votre âme d’enfant imaginait-elle ce qui allait lui tomber sur le dos ?
D’abord, ne vous imaginez pas que ce fut facile de tourner le dos à la vie dorée qui était alors la mienne. C’est vrai, je ne m’attendais pas à de telles difficultés en me battant pour la cause animale. C’était, et cela reste, terriblement dur.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:08

Quels sont les principaux obstacles ?
Le plus inimaginable est la déshumanisation des êtres qu’on dit humains. Face aux immenses douleurs qui, infligées aux animaux, n’en finissent pas de me révolter et qui, souvent, me font pleurer, il y a tant d’indifférence de la part des pouvoirs publics que je me dis que ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses et qui ne le font pas sont des êtres dénués de sentiments. Ils ne ressentent rien. Ils ne voient rien. Ceux qui nous gouvernent sont des robots.

Votre fondation doit son crédit actuel à votre gloire et à votre aura de star.
Non. Ma vie de star qui n’a, effectivement, fait que servir de marchepied à mon existence d’aujourd’hui, a certainement facilité ma mission. Mais ma fondation, qui est représentée dans vingt pays, doit son crédit aux actions qu’elle a entreprises dans le monde pour faire avancer les droits des animaux.

Quelles sont les obligations de votre fondation ?
J’ai bataillé pour que ma fondation soit reconnue d’utilité publique et que nous puissions ainsi nous constituer partie civile en cas de procès, mais aussi recevoir des legs sans payer de droits de succession. Mais attention, la fondation ne se constitue pas de bas de laine, c’est la règle. Elle doit tout investir pour améliorer la condition animale. La tache est immense.

Croyez-vous que votre vie personnelle puisse être un exemple pour d’autres femmes ?
Peut-être. Pas seulement pour les femmes d’ailleurs, mais aussi pour les hommes qui ont un idéal. Pour ceux qui croient à une cause et qui décident, un jour, de s’y consacrer pleinement, jusqu’à leur dernier souffle. Mais je n’ai pas cherché à instituer un exemple. J’ai simplement cherché, après la gloire et les paillettes, à réussir ma vie.

Etais-ce aussi une façon de réaliser enfin votre rêve de petite fille ?
Oui, j’ai créé une fondation, ce dont je suis très fière, mais hélas, en voulant réaliser mon rêve de jeune fille, je suis tombée dans un véritable cauchemar.

Pourquoi, avec le temps et la peine, êtes-vous devenue amère ?
Amère, non. Lasse et déçue, oui. Dégoutée souvent. Je crois parfois que ce que j’ai entrepris n’a pas abouti et n’a servi à rien. Les horreurs continuent.

En disant que les efforts de toute une vie n’ont servi à rien, vous risquez de briser les espérances de ceux qui s’engagent dans une cause.
Disons alors qu’il peut y avoir un espoir d’amélioration. En ce sens, j’ai voulu et je vous toujours changer le monde. Je ne réclame rien d’impossible. J’adjure qu’on chasse la souffrance s’abattant désormais sur les plus démunis des êtres vivants. C’est très dur de demander à des gens détenant le pouvoir d’avoir du cœur. Le pouvoir détruit toute sensibilité. Le fric aussi !

Vous êtes néanmoins parvenue à des résultats ?
Oui, ça c’est sur. J’obtiens des résultats, plus formidables à l’étranger qu’en France d’ailleurs. Je trouve désespérant de ne pas être davantage soutenue par les pouvoirs publics dans mon propre pays. Mais je suis reconnaissante, par exemple, envers Isabelle Adjani que j’ai rencontrée lors d’un diner à Saint-Tropez, l’été 2004, d’avoir été mon porte-parole au Canada et d’avoir relayé mon combat contre le massacre des phoques qu’ont déjà dénoncé Leonardo di Caprio, Paul Mac Cartney, Pamela Anderson, Kim Basinger, et tant d’autres en référence à mon action de 1977. En février 2006, ma fondation, accompagnée de mon ami Robert Hossein, de son épouse Candice Patou, de l’adorable Dany Saval et de vous-même, a remis à l’ambassade du Canada à Paris 200 000 pétitions contre les horreurs sanglantes de cette chasse, ce qui ne les empêche pas de continuer de plus belle, m’obligeant trente ans après et malgré mes problèmes de santé, à retourner à Ottawa hurler mon désespoir et ma douleur devant cette insoutenable tuerie de 325 000 phoques, c’est hallucinant !


Quelles sont les victoires de votre fondation dont vous êtes la plus fière ?
Elles sont nombreuses à l’étranger, mais bien difficiles en France. Nul n’est prophète en son pays ! Nous avons cofinancé un sanctuaire pour ours dansants en Bulgarie, un centre de réhabilitation d’animaux sauvages au Chili, un hôpital pour équidés en Tunisie, un hôpital pour koalas en Australie, un refuge pour chiens en Serbie, un centre de sauvetage pour primates au Cameroun, un refuge pour gibbons en Indonésie, un hôpital pour éléphants en Thaïlande, un parc pour panthères au Sénégal. Nous finançons également l’achat de matériel, nourritures, soins vétérinaires de nombreuses associations en Chine, au Congo, en Afrique du Sud, en Roumanie…

Et en France ?
Nous finançons plus de 7000 stérilisations par an de chats errants, nous soutenons de nombreuses petites associations et refuges par la prise en charge de soins vétérinaires, achat de nourriture et matériel. Nous sauvons et replaçons chaque année des centaines d’animaux en perdition, cela va du chien à la panthère en passant par les chevaux, les vaches, les chèvres, les singes, les furets et j’en passe. Nous possédons un domaine de huit hectares, « la Mare Auzou », en Normandie, où nous hébergeons 200 chiens, 250 chats et des dizaines de chevaux, poneys, moutons et bovins. Beaucoup d’entre eux, inadoptables, y finiront tranquillement leurs jours. Notre service juridique traite chaque année plus de 2000 dossiers qui aboutissent la plupart du temps à une condamnation malheureusement trop souvent minime. Nous effectuons un véritable harcèlement auprès des pouvoirs publics et du gouvernement pour essayer d’obtenir une élémentaire amélioration de la condition animale en France et là, croyez-moi, la tache est épuisante, désespérante. Malgré tout, à force de persévérance, nous arrivons à quelques résultats comme la condamnation de la zoophilie, l’interdiction et la commercialisation de peaux de chiens et de chats, la caudectomie sur les chevaux…
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:08

Et quelles sont vos plus importantes défaites ?
Parmi les plus terribles, l’amélioration des conditions de transport et d’abattage des animaux de boucherie qui endurent pendant des jours et des jours un épouvantable calvaire, l’étourdissement préalable des animaux avant l’égorgement pour les abattages rituels, notamment lors de l’Aid El-Kebir. J’ai pourtant obtenu en 2004 le soutien du président du conseil français du culte musulman, mais coté gouvernement : RIEN !

Quelle est actuellement la règlementation française et européenne ?
La règle de base est l’obligation de l’étourdissement avant l’abattage. Mais l’Union européenne laisse aux Etats membres la possibilité de faire exception dans le cas d’un abattage rituel. Alors, il y a les bons élèves, comme la Suède, qui considèrent qu’il faut limiter la souffrance des animaux lors de l’abattage et qui imposent un étourdissement préalable. Puis il y a les autres, comme la France, qui se foutent du tiers comme du quart de la souffrance animale et laissent faire n’importe quoi, n’importe comment, dans les abattoirs… C’est effrayant de voir comment l’Etat (laïc !) ferme les yeux devant une pratique religieuse qui n’est plus défendue que par les seuls extrémistes. Vous savez, même dans les pays du Moyen-Orient importent, de Nouvelle-Zélande et d’Australie, de la viande de moutons abattus après avoir été étourdis, je ne vois pas pourquoi la France ferait exception. Il y a là deux poids deux mesures, c’est pourquoi je réclame cet étourdissement pour tous les animaux de boucherie.

Tous ? Sans exception ?
Oui. Il n’y a que des animaux qui souffrent de la même manière et pour lesquels nous devons limier, autant que possible, la douleur de la mise à mort. Il s’agit d’une démarche antidiscriminatoire, pour un traitement « humain » de l’abattage. Dans sa demande, ma fondation est soutenue par de nombreux parlementaires français. Au gouvernement français, maintenant, de modifier la règlementation.

Que faire pour qu’elle soit promulguée au plus vite ?
Gueuler ! J’en envoyé plus de vingt lettres. Je suis intervenue auprès de Raffarin, de Villepin qui était, lorsqu’il était à l’Intérieur, aussi ministre des Cultes. J’ai rencontré Nicolas Sarkozy (qui me semble déterminé à agir). Depuis plus de vingt ans, j’attends que cette forme d’abattage s’améliore, si j’ose dire, et maintenant que j’ai obtenu l’accord des dirigeants représentatifs de la communauté musulmane, je n’ai pas celui des responsables français. On croit rêver !

Cela finira par arriver…
Je l’espère bien. C’est l’un des combats de ma vie que de me battre pour obtenir cet étourdissement. Aussi, lorsque je dénonce les horreurs de l’Aïd-el-Kebir, je me retrouve en procès et j’y perds la peau des fesses. C’est lamentable !

N’avez-vous pas le sentiment, parfois, en fait depuis toujours, qu’on vous a fait payer votre trop grande liberté de ton ?
Peut-être, mais je m’en fous totalement. La seule chose importante, c’est d’être en accord avec soi-même et je le suis. J’estime avoir le droit d’exprimer mes vérités. Je ne demande à personne de les partager. Mais qu’on me laisse le droit de les exprimer. Je sais maintenant qu’en France, la liberté d’expression est policée d’une manière ignoble.

N’en êtes-vous pas venue à tenir des propos qui ont choqué parce que vous avez choisi une manière de vivre qui vous coupe du monde et de ses réalités ?
Je ne vis coupée de rien. Je lis les journaux, je regarde la télé, je suis l’actualité. Par ma fondation, je reçois des informations du monde entier. Et je réagis sur tout. Je ne vais pas, effectivement, dans les soirées people : j’ai d’autres choses à accomplir et ces sarabandes ne m’intéressent pas. Je préfère rester chez moi, mais je ne suis pas pour autant une bonne sœur recluse dans un carmel.

Au quotidien, faites-vous autre chose que vous occuper des animaux ? Avez-vous des moments de distraction ?
Je me débrouille pour trouver du temps et lire. J’aime aussi commencer mes journées par les mots croisés du Figaro en écoutant Radio-Classique. Ils ne sont pas faciles. Ils ne sont pas longs, mais je ne lâche pas le journal avant de les avoir terminés. L’autre jour, il y avait une définition, du style « deux initiales ayant enflammés le monde ». J’ai immédiatement trouvé. C’était « BB ».

Quels sont vos autres moments de plaisir, sinon de bonheur ?
« Tous les bonheurs sont provisoires » a écrit Pascal Sevran que j’adore. Il n’y a pas de moments de bonheur. Le bonheur, cela n’existe pas ou alors rarement, seulement dans des circonstances exceptionnelles. Lorsque certaines planètes se croisent à des instants donnés. Et si cela se produit, cela ne dure pas. Il faut vite en profiter car, quand il passe, le bonheur est très provisoire. Et quand il passe, j’en profite. Ou plutôt, quand il passait, j’en profitais.

La nostalgie n’est pas votre tasse de thé ?
Je ne vis pas dans le passé. Il existe, il fonde le monde présent mais je ne m’y intéresse pas beaucoup. C’est trop négatif. Je trouve, par ailleurs, l’avenir incertain : il n’y a donc que le présent qui m’intéresse.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:09

Et que faites-vous pour vous ?
Pour moi, rien. J’estime que cela me ferait perdre mon temps. Je n’ai pas du tout le loisir ni l’envie de m’occuper de moi.

C’est pourquoi vous n’avez jamais voulu avoir recours à la chirurgie esthétique ?
J’accepte le temps qui passe. Je trouve attristant ces femmes qui vieillissent et qui veulent rester belles à tout prix, par tous les artifices. On ne peut pas se faire lifter l’âme ou le cœur. J’ai toujours aimé dire que, pour moi, la beauté était une harmonie d’imperfections. Les petites rides sur un visage, je ne trouve pas cela moche mais touchant.

Comment appréhendez-vous la vieillesse ?
Je suis peut-être vieille, mais je reste combative. Et je le serai toujours. La vieillesse, il faut l’accepter. Les pires ce sont les rides du cœur.

On vous dit malade ? Qu’advient-il de vos hanches ?
Je souffre.

Vous ne voulez pas soigner vos jambes, soit, mais pourquoi n’envisagez-vous pas, au moins, de le faire pour votre fondation et le service des animaux ? Vous seriez encore plus performante.
Mon état actuel ne m’empêche pas d’être active. J’hésite depuis longtemps déjà. Je ne suis pas prête à me faire opérer. Si je le décide, cela veut dire trois mois d’hospitalisation. Avec la rééducation. Les cannes anglaises et tout le tintouin. C’est-à-dire que, pendant le quart d’une année, je serai mise entre parenthèses. Et assez handicapée pour ne plus pouvoir agir. Je ne me vois pas ne plus m’occuper de mes animaux pendant une si longue période. Je ne le supporterai pas.

Mais aujourd’hui, il y a des téléphones, des mails, des fax…
Mais je serai sur un lit, sans bouger ! Déjà, quand j’ai quarante de fièvre, je me soigne en restant un jour au lit et, basta… C’est plus fort que moi, je ne peux pas rester sans rien faire. Si je me fais opérer, je serai, pendant un long moment, dépendante des autres. Et je ne peux pas me permettre d’être dépendante des autres puisqu’en fait, ce sont les autres, du moins ceux que j’aime, qui dépendent de moi.

Et vous-meme, de qui vous sentez-vous dépendante ?
De moi. Et de personne d’autre. Financièrement, je n’ai jamais dépendu que de moi.

Et sentimentalement, être dépendante d’un homme, c’est quoi ?
C’est l’amour. L’amour est une chose sublime. La seule qui rapproche de la perfection. J’ai toujours eu envers les hommes avec lesquels je vivais une dépendance affective. Une dépendance d’existence. J’avais besoin des hommes que j’aimais comme une fleur a besoin d’eau pour s’épanouir et pour vivre.

A quoi vous raccrochez-vous, aujourd’hui ?
C’est en moi que j’ai toujours trouvé la force de surmonter tous les désespoirs, avec, évidemment, l’aide de mes amies les bêtes, et de Bernard aujourd’hui. J’ai pris une responsabilité dans l’existence en créant ma fondation. Je l’ai fait quand je n’avais plus d’amour, plus de raisons de vivre. J’avais une raison de vivre pour, avec et en les animaux. Quiconque ne saisit pas cela ne me comprendra jamais. J’ai donc fait le don de ma vie à la défense de la cause animale. Et quand il y a un problème qui risque de me faire couler, je me raccroche à elle. De toutes mes forces. A cœur perdu. Cela m’a sauvée. Cela me sauvera.
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 0:09

Voilà c'était mon petit cadeau de Noel aux membres (avec du retard lol! )
52 pages à taper c'est long Laughing
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 2:37

Trop génial merci merci merci!!!

Quel travail!!! cheers
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 2:40

wow chapeau! merci bcp! c'est émouvant! BB est formidable! mais j'aimerais tellement qu'elle accepte de se faire opérer!
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 6 Jan - 18:20

Oui merci!
Encore une fois bravo à toi d'avoir retapé tout ceci! affraid
Moi aussi j'aimerais que BB se fasse operer! No
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMer 7 Jan - 17:03

merci beaucoup ! génial ! :D
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeJeu 8 Jan - 14:35

Merci à tous ;)
Brigitte est vraiment émouvante
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 27 Jan - 18:07

Merci tellement! Je le traduis à l'anglais et fais mon propre livre :) j'ai ce livre dans l'allemand, mais c'est trop dur pour moi pour comprendre dans cette langue, en tout cas.

PS : Maintenant vous pouvez commencer à taper 'Pourquoi ?' :) le fait de charrier juste, mais je meurs pour lire celui-ci non plus! Et 'Le caree de Pluton' d'abord!
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MessageSujet: Re: Interview BB du livre "Vie privée"   Interview BB du livre "Vie privée" Icon_minitimeMar 27 Jan - 20:41

Well, you know... It's difficult because "Pourquoi" is a succession of articles and pictures... It's a very particular and singular book!
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